Samantha Lopez Uri, participante au FSM 2024 avec le Collectif québécois.
La société et le monde ont été pensés et construits par et pour des personnes blanches. Cela peut sembler choquant et déstabilisant lorsqu’on lit ces mots. Cependant, depuis le colonialisme qui a sévi sur le territoire de l’Île de la Tortue ainsi que dans l’ensemble du monde, les corps non blancs de personnes marginalisées ont été exploités pour occuper et développer le territoire que l’on appelle maintenant le Canada.
L’enracinement de la suprématie blanche implique le maintien d’un ensemble de stratégies et de lois visant à exclure et à invisibiliser les corps noirs et autochtones.
Avec cette constatation, et du fait de ma position, ces mots s’inscrivent dans une perspective décoloniale, antiraciste et anti-oppressive. Je suis consciente que c’est avec un immense privilège que je participe à l’un des plus grands événements altermondialistes, rassemblant plus de 20 000 personnes provenant de plus de 90 pays. Cette prise de conscience me pousse à réfléchir aux racines d’un système qui se renforce et continue d’être maintenu tout en opprimant nos corps et nos esprits.
Le Forum social mondial est un rappel que les luttes et les combats contre ce système capitaliste, patriarcal et colonial sont aussi persistants et enracinés dans le quotidien des communautés népalaises, indiennes, jordaniennes et palestiniennes. C’est un rappel que nous devons nous connecter et apprendre des luttes actuelles pour converger et renforcer nos capacités de mobilisation et de transformation sociale.
L’événement a été riche en conférences, rencontres et mobilisations de plusieurs communautés et activistes à travers le monde. Des activistes indien.ne.s ont marché de l’Inde jusqu’au Népal pour y participer et partager leurs expériences, montrant ainsi qu’iels existent et que leurs histoires ont de l’importance. Des groupes palestiniens étaient également présents pour être entendus et mobiliser les activistes à demander un cessez-le-feu et à intensifier leurs revendications auprès de leur gouvernement.
Cette première expérience du Forum social mondial se caractérise par la force mobilisatrice et transformatrice de tous celles et ceux qui y ont participé. C’est dans la résistance et dans la radicalité que les activistes trouvent l’inspiration et cherchent des alternatives pour un monde meilleur. C’est un rayon d’espoir dans un contexte où le colonialisme est toujours aussi puissant et où il coûte la vie à des milliers de personnes à travers le monde.