En accusant une fois de plus les peuples autochtones et les populations traditionnelles des incendies en Amazonie, Jair Bolsonaro consolide le mensonge comme politique gouvernementale lors de l’Assemblée générale des Nations Unies-ONU.
Dans son discours de chef d’État à la 75e Assemblée générale des Nations Unies, Jair Bolsonaro déforme la réalité pour vendre l’image d’un Brésil qui n’existe pas. Le gouvernement se dédouane ainsi de toute responsabilité concernant les actions de lutte contre la pandémie et de protection de l’environnement. Le principal outil de Bolsonaro est le mensonge.
Les allégations de Bolsonaro visent à créditer son gouvernement des actions dont il n’est pas à l’origine. L’aide d’urgence, principale politique économique durant la pandémie, en est un exemple. Le montant initial proposé par l’Union n’était que de 200,00 R$. C’est la mobilisation des mouvements sociaux auprès du Congrès national qui a fait que la valeur de l’aide soit portée à 600 R$. L’aide d’urgence a été étalée sur 9 versements (5 versements de 600 R$ et 4 versements de 300 R$) pour un total de 4 200 R$, soit l’équivalent d’environ 771,49 US$. Dans son discours, Bolsonaro a ainsi menti, à la fois sur la position de son gouvernement en ce qui concerne l’approbation de l’aide d’urgence et sur son montant – déclaré de 1 000 US$ par le Président.
En ce qui concerne l’environnement, depuis le début de son gouvernement, Bolsonaro a fait 127 déclarations fausses ou déformées (données de Aos Fatos- agence de vérification des faits). Et, une fois de plus, le Président a choisi de mentir et d’attaquer.
Il a menti lorsqu’il a relativisé les causes des incendies en Amazonie et dans le Pantanal en utilisant l’argument selon lequel nos forêts sont humides et en attribuant la responsabilité des incendies aux peuples autochtones, détournant ainsi la responsabilité de la déforestation criminelle causée par l’agro-négoce. Les données obtenues par le système de surveillance de la NASA montrent que 54 % des foyers d’incendie en Amazonie sont liés à la déforestation. Dans le Pantanal, la Police fédérale enquête sur les fermes criminellement incendiées pour en faire des pâturages pour l’élevage de bétail.
La désinformation comme stratégie
Bolsonaro affirme également que son gouvernement est victime de campagnes de désinformation. Il est de plus en plus évident que le critère du Président pour définir ce qui est de la désinformation est basé sur ce qui convient à son gouvernement. La critique, les données, l’interrogation formelle font partie de l’État de droit démocratique. Cependant, l’administration Bolsonaro utilise des structures officielles pour promouvoir et encourager les attaques contre les citoyens et les médias qui signalent des dysfonctionnements ou responsabilisent sa gestion.
Par exemple, vendredi dernier (18/09), le ministre d’État, chef du Bureau de la sécurité institutionnelle (GSI), le général Augusto Heleno, a publié des déclarations sur un réseau social qui criminalisent l’Articulation des peuples indigènes du Brésil-APIB et de ses dirigeants, attaquant directement Sonia Guajajara, sa coordinatrice exécutive, dont la trajectoire en matière de défense des droits autochtones et socio-environnementaux est internationalement reconnue. Le Ministre affirme que l’APIB commet un crime de lèse-patrie en dénonçant les crimes environnementaux flagrants pour lesquels le président de la République, Jair Bolsonaro, devrait être tenu responsable.
Craignant pour la sécurité de nos dirigeants, l’APIB a interpellé aujourd’hui (22/09) la Cour suprême fédérale (STF) pour que le ministre Heleno explique au tribunal les mensonges et les attaques publiques dont l’APIB et Sonia Guajajara ont fait l’objet.
“Le gouvernement et ses représentants ne peuvent pas prendre comme cibles les leaders, les militants ou les personnes qui les incommodent en raison de leur position politique, sous peine de commettre des crimes qui doivent être punis”, souligne l’un des extraits du document qui peut être consulté dans son intégralité ici, en portugais.
Nous avons également envoyé aujourd’hui (22) une déclaration à l’ONU concernant l’attaque du gouvernement Bolsonaro contre l’APIB, soulignant que le ministre Heleno et le gouvernement Bolsonaro accumulent des accusations d’intimidation contre nos actions en faveur des peuples autochtones et qu’il s’agit d’une tentative indécente de criminalisation, une attitude tout à fait inappropriée pour un ministre d’État, qui démontre un acte antidémocratique en persécutant ceux qui luttent pour la protection environnementale des écosystèmes et des peuples d’origine du Brésil.
L’attaque du ministre, général Heleno, outre la démonstration d’une ignorance totale de l’histoire et de la construction de l’APIB, confirme l’utilisation de la désinformation comme stratégie politique du gouvernement Bolsonaro, puisqu’elle dirige des accusations infondées sur les réseaux sociaux qui encouragent, avant tout, la criminalisation du mouvement indigène organisé.
“Le plus grand crime qui porte atteinte à notre patrie est l’omission du gouvernement face à la destruction de nos biomes, des zones protégées, le brûlis illégal, le grilagem, la déforestation et l’invasion de nos terres et le vol de nos richesses”, souligne un extrait de la note de l’APIB, publiée (en portugais) en réponse aux accusations mensongères du ministre.
Il est important de souligner que, tandis que le gouvernement abuse de son pouvoir en poursuivant, par des campagnes de diffamation, une organisation qui agit pour amoindrir les impacts de la Covid-19 sur les peuples originels, plus de 800 autochtones sont morts et environ 32 000 ont été infectés par le nouveau coronavirus, selon les données du Comité national pour la vie et la mémoire indigène de l’APIB.
Le gouvernement fédéral a été légalement forcé devant le STF (en portugais) de présenter un plan de combat spécifique destiné aux peuples autochtones, réfutant la déclaration de Bolsonaro à l’ONU selon laquelle il aurait apporté l’aide nécessaire aux peuples originels. D’autre part, lorsque les parlementaires ont présenté un projet de loi prévoyant un plan d’urgence pour contenir les dommages de la pandémie, Bolsonaro a mis son veto à des passages tels que la garantie de l’accès à l’eau potable, la facilitation de l’accès à l’aide d’urgence, entre autres droits fondamentaux.