Lilli Berton Fouchet, correspondante au journal et participante au FSM 2024
Le Forum social mondial est un évènement crucial pour l’avenir de la société civile, notamment sur le plan des droits humains, de la justice sociale et climatique. Néanmoins, le manque de couverture médiatique reflète les enjeux de presse auxquels nous sommes confronté.es aujourd’hui.
Lors de la conférence World Media in Crisis qui s’est déroulée le 17 février dernier à l’occasion du FSM au Népal, trois panélistes spécialisé.es dans le domaine des médias ont témoigné de leurs interprétations de cette crise, selon les contextes dans lesquels ils évoluent. L’activité était animée par, animée par Roman Gautam, responsable de la rédaction du magazine indépendant en ligne Himal Southasian.
Circonstances extrêmes dans les pays du Maghreb
Ruta Asad, une militante syrienne, explique que 2011 a marqué un tournant pour les médias dans les contestations sociales contre le gouvernement de Bashar El Assad. Après 2011, on assiste à une explosion du nombre de médias dans cette région. Toutefois, le travail de journalisme prend sa source dans un sentiment d’anxiété la plupart du temps. Les habitant.e.s eux-mêmes se transforment en journalistes et rapportent ce qui se passe dans leur réalité.
Une cinquantaine de médias ont fleuri dans une perspective d’un journalisme plus civil, mais on distingue parfois un privilège de frontières. C’est l’avantage des médias qui travaillent à l’extérieur des frontières, parce qu’ils ont le privilège de ne pas être sur place, au sein de violentes répressions. Ceux et celles qui sont à l’intérieur pratiquent le journalisme dans des situations de vie ou de mort, souvent censuré.es ou poursuivi.es pour la diffusion d’informations. La voix de journaux alternatifs se perd aux dépens de médias plus gros, mais corrompus par le système.
Emprise religieuse et corruption politique
Rita Freire, une journaliste brésilienne, révèle que les médias au Brésil sont souvent corrompus par l’église et la religion. Notamment parce que les politiciens utilisent les idées religieuses pour diffuser leurs idéaux. Pendant, la passation de pouvoir entre Lula et Bolosonaro, cela a souvent été utilisé : au nom de Dieu ou de Jésus.
Le rôle des médias dans le Brésil des années 2000 est important et met en jeu la démocratie. Or, la proclamation d’idées religieuses démontre qu’il s’agit d’un pays encore conservateur sur les questions de genre.
Une domination médiatique
Debabish Ray Chowdhurif, auteur et journaliste indien, nous indique qu’il y a environ quatre journaux indiens qui contrôlent 75 % des actualités et des nouvelles. Il mentionne que l’héritage médiatique est important et s’interroge ensuite sur les alternatives qui pourraient émerger, dans lesquelles les citoyen.nes essaieront de partager l’information de la vie quotidienne en temps réel. Alors les médias sociaux ne joueraient pas seulement le rôle de plateforme, mais celui d’organisation sociale. Néanmoins, le problème principal est qu’il n’y a peu ou pas de financement. Aussi, il y a un enjeu de barrières de langue. De plus, les minorités vont souvent préférer s’aligner aux idées majoritaires malgré qu’elles n’aient pas de rapports avec elles.
Ces trois témoignages démontrent les controverses médiatiques dans différents contextes. Ce sont des phénomènes entrelacés ou interconnectés, qui illustrent une main mise sur la presse et sur l’information transmise, généralement non représentative des réalités sociales. Ils manifestent également des risques du journalisme au niveau de la déontologie et du droit de la presse, mais aussi au niveau de la désinformation et la mésinformation.
En quête de changements
Le FSM est l’occasion de créer, de connecter avec des personnes ayant les mêmes visions au niveau médiatique, d’échanger des informations et d’organiser des médias alternatifs pour et par la société civile. Le Collectif franco-québécois en route vers le FSM 2024 au Népal s’est fixé le rôle de couvrir et transmettre les défis et questionnements abordés au sein du forum. Il est animé par l’espoir de surmonter les difficultés d’une diffusion périlleuse, avec la volonté de changer le rapport à l’information et d’écrire la mémoire et l’histoire. Le collectif s’est efforcé de retranscrire les différentes visions qui se sont exprimées au forum, étant donné que tout le monde a sa propre perspective.
